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Nusrat et un petit texte signé Jacques Dupont: (
) Et je
pensais à la manière dont le Qawwali est chanté au Pakistan et dans le Nord de
l'Inde, pas en concert, mais dans les mausolées des grands saints de l'islam : c'est la
nuit, les musiciens sont assis au milieu du public. Les pipes à eau circulent, un homme
se lève et asperge les Qawwal de parfum, les percussions démarrent et quand le
chant s'élève, c'est toute l'assistance qui reprend le texte en choeur. Peu à peu, les
corps s'animent, les cris fusent, un homme se met à danser, un autre répand une pluie de
roupies sur les musiciens, tandis que les chants s'enchaînent sans interruption. Lorsque
les musiciens épuisés se taisent, d'autres prennent leur place et les groupes se
succèdent ainsi jusqu'au petit matin. |
Ce qui fait l'immense popularité de Nusrat Fateh Ali Khan au Pakistan c'est, bien
sûr, sa voix puissante et souple, son imagination mélodique et rythmique, son sens de la
communication musicale, la manière dont il fait alterner les moments de grande tension et
les moments d'apaisement. Mais, si le public pakistanais est si sensible à l'art de
Nusrat, c'est d'abord, semble-t-il, parce qu'il est tout entier au service d'une parole.
Une parole qui est celle de la passion qu'éprouve le Qawwal pour Dieu, pour le
Prophète et pour tous ceux qui, dans la longue généalogie des maîtres soufis, lui ont
permis de se rapprocher un peu plus de la puissance divine. Car c'est bien de passion
qu'il s'agit, d'un amour brûlant, sans limite. |
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J'ajouterais simplement que le concert à la maison de la radio est touché par la
grâce -ce qui fait toujours son effet- , d'autant plus que ce fût une des dernières
prestations de Nusrat. Pour ceux qui craignent le côté 'brut' de cet enregistrement
(uniquement voix et percus), vous pouvez essayer Mustt Mustt, plus accessible (beaucoup
plus d'ornement divers)... En ce moment on n'a de cesse de rendre hommage à ce grand
homme, ouvert à tout malgré une passion dévorante pour son dieu. |