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Lars Von Trier est l'objet de toutes les analyses et fascine tout le monde par sa
conception du cinéma. Réaliste, épuré, pas la moindre place pour les effets spéciaux.
Caméra sur l'épaule, ses films se veulent des reportages acerbes, des photos impudiques
sur la société.
La personnalité du réalisateur, également, est régulièrement disséquée, le dogme
semble être la panacée pour des journalistes en quête d'inédit.
Pourtant Lars Von Trier est tout sauf un humaniste réformateur, il a développé un
style, certes mais finalement, il s'est inspiré de l'existant et l'a poussé à
l'extrême et ses films sont vraisemblablement beaucoup plus intéressants que sa jeunesse
danoise, que sa conception caricaturale des acteurs et de tous ses collègues.
Arrêtons-nous aux films ou passons notre chemin. Une dernière chose toutefois, si Lars
Von Trier veut continuer de se positionner en marge du cinéma contemporain, il faudra
qu'il évite de se servir de certaines de ses astuces, d'user les mêmes ficelles, même
s'il le fait avec plus de discernement et de subtilité. Notamment, cette propension au
mélo, à la montée dramatique fait de lui un cinéaste pas complètement vierge, pas
dénué de malice en tout cas.
Les films sont bouleversants, incroyables. Les idées de départ sont superbes, la
réalisation, forcément parfaite, les scenarii subtiles et les acteurs incroyablement
touchants et vrais.
Ces derniers films, le mélo Breaking the waves, superbe, l'anthologique Les idiots et le
monumental Dancer in the dark sont le signe d'un grand monsieur du cinéma.
Dancer in the dark est l'occasion de voir Björk en actrice. Elle est
terriblement touchante mais elle l'est naturellement, ses mimiques de petite fille, sa
fragilité portent le film. La musique aussi, très... björkienne mais parfaitement
intégrée, ce dont nous pouvions légitimement douter en entrant dans la salle. Le tour
de force est réussi, et ce film entre au Panthéon par la grande porte.
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